Anne Vinesse lue par Liliane Malenfant

Simone Le Moigne, peindre et revivre, Anne Vinesse, Siloë 2009

C’est juste fabuleux !

Elle avait tout dans la tête et dans le cœur… pour l’amour d’une mère. Quelle beauté de pouvoir restituer ainsi l’incroyable tapisserie !

Anne Vinesse raconte admirablement sa maman, dans un authentique élan de mémoire, de transmission, dans un langage de douceur et de simplicité. Un livre super attachant, où l’on sent l’immense bonheur, la nécessaire envie de faire partager ce qu’elle a le privilège de savoir, de savourer intarissablement. Un hommage absolu, une biographie parfaitement rendue. Tout y est donné si généreusement, sa maman doit être bien satisfaite ! Une superbe invitation à connaître l’étonnant puits de fraîcheur.

Oui, Anne nous fait découvrir et aimer Simone Le Moigne, cette femme courageuse et parvenue sur le tard à son accomplissement, cette belle nature si ardente, des plus vibrantes ! cette artiste chantante qui nous dit que la peinture doit être résolument gaie, tout enracinée dans l’émerveillement de l’enfance. Et l’on suit ce parcours hors du commun, un chemin de vie où tout est reconstitué dans le détail, à sa juste valeur, les époques, les épisodes, avec des tas d’anecdotes, d’impressions, de sentiments profonds. On se régale par tant de précisions, tellement de choses affluent pour que ce ne soit pas perdu ! des notes subtiles aux parfums délicats. C’est véritablement un plaisir de se laisser ainsi emporter dans ce vivant tableau - intime, familial - un film nourri d’arrêts sur image, de poèmes, de chansons, de rêves, de joies, d’inépuisables étonnements.

Une bien jolie balade truffée de tendresse, de fine dentelle, le gracieux cortège d’une œuvre renouvelée.

Alors merci, Anne, merci pour cette fabuleuse rencontre, qui pousserait presque à la chansonnette : « Sur le chemin, j’ai rencontré la fille de Simone Le Moigne, elle m’a prise par la main pour me montrer les petits cailloux, les images de la singulière histoire, et j’y ai reconnu les trois grandes gouaches, l’aiguille à tricoter, Magoar, le vieux chêne, la douce chaumière, le blé soigneusement engrangé, le hangar en fête, les fleurs des champs, et j’y ai reconnu la jument Follette, les chars à bancs, les coiffes empesées, noces d’antan, les belles ritournelles, l’horizon qui appelle, les fières collines, et puis j’y ai vu encore les sabots de bois tout bien creusés, les mille poussins bleus, la chère cueillette des œufs, les bonnes crêpes, le beurre salé, le cidre d’or, les cerises et les pommes. Oui, oui, j’y ai trouvé des toiles et des mots en farandole, joyeusement enguirlandés en fa, en la, en sol. Oui, oui, j’ai rencontré… »

Liliane Malenfant

Liliane Malenfant, Claude et Anne Vinesse