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29 mai 2009

Personne

Bonjour,

Il n’y a personne ? Lorsqu’on pose cette question, on s’attend à ne pas recevoir de réponse. Lorsqu’on demande s’il n’y a personne, c’est pour s’assurer que l’espace est totalement vide de toute présence humaine. Car, que dire à propos de personne ? Rien, bien sûr. Lorsqu’il s’agit de s’exprimer à propos de personne, on ne dit rien. Les choses sont très différentes lorsqu’il est question d’une personne. Une personne, même quelconque, a plus de poids que personne. Car personne, c’est vraiment personne, même pas la queue d’un, comme on dit encore dans certaines de nos campagnes. Du reste le contraire de personne, c’est quelqu’un. Quelqu’un, ça remplit le trou laissé par personne. 

Est-ce qu’il y a quelqu’un ? Tout de même, c’est comme de demander s’il n’y a personne. Is there somebody ? No, there’s nobody. Celui qui fait la question fait aussi la réponse. En revanche, si quelqu’un avait été là où l’on supposât qu’il n’y eût personne, ce quelqu’un - ou cette personne - aurait certainement répondu : No, there’s somebody. Somebody c’est le constat de la présence de quelqu’un ou de sa propre présence en face d’un autre. Nobody, c’est le constat de son absence, d’une absence. Nobody désigne seulement quelqu’un qui aurait omis ou oublié d’être là. Tandis que personne désigne vraiment personne. Dans nobody, l’autre est là, mais ailleurs, hors de perception. Dans personne, l’autre n’est ni là ni ailleurs, il est hors de conception. Personne c’est l’autre dans sa conception cartésienne, nobody c’est l’autre dans sa conception spinosiste ou berkeleyenne. Lorsqu’on dit nobody, on exclut l’hypothèse qu’il puisse n’y avoir personne, il y a forcément quelqu’un, seulement je ne le vois pas, je ne le perçois pas.

Et si, lorsqu’on demande, « il n’y a personne ? », quelqu’un se mettait à réponse : « si, il y a quelqu’un ». Les deux seraient dans l’embarras, le premier d’avoir supposé qu’il n’y ait personne pour répondre, le second de faire état d’une présence improbable. A moins qu’il ne réponde, espiègle, « non, il n’y a personne ». Ou pire, « non, il n’y a pas personne » ! Une double négation valant affirmation, ce quelqu’un que l’on aurait jeté par la porte rentrerait par la fenêtre, ou par la petite porte. Du reste comment personne aurait-il décemment pu répondre ? La réponse se trouve peut-être dans la grammaire, personne a-t-il vraiment titre de sujet ?

Roland Goeller

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Commentaires
T
je trouve votre blog particulièrement bon. Chapeau pour ce grand sens de la littérature!! Je le mettrai en lien sur mon site:<br /> <br /> http://www.yagoa.fr/Unpetitmonde/<br /> <br /> Si vous pouviez faire de même...
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